Diplomatie ou Diplomacy1 (en anglais : Diplomacy) est un jeu de société créé par l’Américain Allan B. Calhamer, un jeu de simulation historique et un jeu de négociation ayant comme thème l’Europe au début du xxe siècle. Souvent, les habitués du jeu l’appellent simplement Diplo.
Diplomatie réunit idéalement sept joueurs mais diverses adaptations permettent de jouer de deux à six ou au-delà de sept. Chacun des sept participants contrôle les forces militaires de l’une des sept « grandes puissances » :
- Angleterre ;
- France ;
- Allemagne ;
- Italie ;
- Autriche-Hongrie ;
- Russie ;
- Turquie.
Au gré des négociations, les joueurs forgent ou brisent des alliances puis donnent des ordres à leurs unités militaires. Le jeu se poursuit jusqu’à ce qu’un pays contrôle plus de la moitié du continent (symbolisé par le contrôle de dix-huit centres sur les trente-quatre que comporte la carte) ou, le cas échéant, par accord entre les joueurs restants. Il est également possible, avant de commencer une partie, de fixer arbitrairement une durée maximale en tours de jeu ou en temps.
À sa sortie à la fin des années 1950, Diplomatie a eu un retentissement considérable dans le monde des jeux : il est le premier jeu de société se jouant au-delà de deux joueurs à ne pas laisser de place au hasard une fois les rôles attribués (de plus, l’attribution des « grandes puissances » peut également être convenue entre les joueurs et non tirée au sort) ; c’est aussi l’un des premiers jeux où chaque joueur joue de manière simultanée et l’un des premiers jeux de négociation. Le jeu s’est répandu dans le monde entier ; cependant, la durée de chaque partie et le nombre de joueurs requis ont probablement freiné son succès et limité la popularité du jeu.
Lancement du jeu
Le jeu est créé par Allan B. Calhamer dans les années 1950, la carte trouve sa forme définitive en 1958, le jeu s’appelle encore Realpolitik. Faute d’éditeur intéressé, le jeu sort en 1959 fabriqué par son propre créateur sous le nom Diplomacy. En fin de cette année 1959, cinq cents exemplaires ont déjà été vendus par bouche-à-oreille et le jeu Diplomacy cité par les magazines Time, Life et The New Yorker11. En 1961, le jeu est enfin édité par Games Research Inc., une entreprise spécialisée dans le jeu de société. Depuis 1958, les règles n’ont connu que peu de modifications, la principale révision des règles eut lieu en 1971, quelques détails furent changés après cette date (en 1982 et en 2000) mais à un niveau négligeable pour le jeu car n’intervenant que dans peu de parties.
Fanzines et jeu par correspondance postale
Dès 1963, le jeu fut adapté par les joueurs américains réunis autour de fanzines consacrés essentiellement à Diplomatie (les dipzines ou Dippy ’zines) pour être joué par correspondance postale. En Europe, dès 1971, soit cinq ans avant la première édition en français du jeu de société, les premières communautés francophones se forment pour jouer par courrier avec publication des résultats dans les premiers fanzines en français (le premier d’entre eux est Moeshoeshoe édité en Belgique dont le premier numéro est frappé à la machine à écrire en février 1971). Les années 1980 seront l’âge d’or de tous ces fanzines. Au total, des centaines de titres12 sont recensées dont au moins trente francophones (ou bilingues français/anglais)13. Vopaliec SF, le dernier fanzine francophone, a disparu en 2007 mais il en existe encore quelques-uns en anglais.
En témoigne en couverture la mention des jeux ou types de jeux approchés dans les premiers numéros de Casus Belli, ce magazine français, qui débute sa diffusion par un format proche du fanzine et qui se spécialisera par la suite dans les jeux de rôle, était initialement destiné à parler de Diplomatie dans une large part de sa publication14.
Jeu en ligne
Dans le début des années 1990, le jeu devient électronique, en France des parties sont jouées quelque temps sur le serveur Minitel en 1994 mais c’est naturellement sur le web, naissant à la même période, que Diplomacy se développe le plus grâce aux communautés américaines ; les tournois n’ont pas tardé à apparaître dès 1994 ou 1995, et permettent un jeu bien plus rapide que par correspondance postale.
Le jeu se joue d’abord par courriel, les résultats étant aussi diffusés par courriel ou dans des publications en ligne. Puis, autour de 2000, les sites web se développent et permettent l’échange de messages directement par leur interface via un système de messagerie lié à chaque partie permettant généralement de visualiser en même temps l’évolution de la carte. À la fin des années 2010, apparaissent les premières applications pour jouer sur téléphone, la première proposant le jeu en français étant disponible depuis le début de l’année 2017.
cf. le chapitre sur le jeu sur Internet.
Jeu sur table
Côté jeu sur table, le plus ancien tournoi connu date de 1968, un championnat du monde sera créé en 1988.
cf. le chapitre sur le jeu sur table.
Diplomatie et intelligence artificielle
Les professionnels du jeu vidéo ont tenté de mettre au point des intelligences artificielles pour endosser le même rôle que des joueurs humains, plusieurs jeux sont ainsi sortis dans le commerce (notamment Computer Diplomacy en 1984, un autre, MicroProse Diplomacy PC-Game, en 1999 développé par l’équipe Hasbro Interactive uniquement en anglais, un dernier en 2005 développé par Paradox Interactive en anglais, français et allemand et distribué en France par Mindscape) : le résultat fut plus que négatif, l’intelligence artificielle n’égalant le joueur humain sur aucun niveau du jeu15.
De leur côté, certains joueurs informaticiens s’y sont aussi attelés depuis les années 1980. Sans succès dans un premier temps mais dans les années 2000, le projet DAIDE (pour Diplomacy Artificial Intelligence Development Environment)16, mêlant joueurs passionnés et chercheurs en intelligence artificielle, a abouti à des IA nettement plus fortes que n’importe quelle version commercialisée auparavant même si elles ne font jeu égal avec les humains que dans les variantes Blitz (sans négociation)17. Depuis les premières versions en 2004 jusqu’en 2013, de multiples améliorations à l’IA ont été effectuées, sa dernière version est téléchargeable gratuitement18 ou testable directement en ligne19.
En mars 2016, après la victoire surprise au go d’un ordinateur sur l’un des meilleurs joueurs au monde (aboutissement d’ailleurs d’un projet mené par un ancien joueur de Diplomatie, Demis Hassabis), un chercheur français en informatique du CNRS analyse que les problèmes de jeux à information imparfaite « comme le poker ou Diplomatie » sont plus complexes encore que la programmation d’une intelligence artificielle au go et que « de nombreux progrès restent à faire […] avant d’atteindre le niveau des joueurs humains »20.
Éditions francophones de la boîte de jeu
Les droits sur le jeu sont actuellement détenus par l’entreprise américaine Hasbro qui a loué des droits de publication à Asmodée pour la dernière réédition en français du jeu en février 2006. Les trois précédentes éditions francophones sont celles de Miro en 1976 (Miro publie le jeu à deux reprises à quelques mois d’intervalle avec deux logos différents sur la boîte), de Parker en 1978 et de Descartes en 1994. Les jeux publiés par Miro et Parker étaient malheureusement truffés d’erreurs dues à une traduction plus qu’aléatoire. Seule l’édition Descartes a publié le jeu sous son nom français Diplomatie, les autres publications étant sorties sous le nom anglais original Diplomacy.
ci dessus, a gauche, edition Miro, a droite edition Descartes
Deux boites de jeu canadiennes éditées chez Waddingtons (en) dans les années 1970 et en 1986 proposaient un livret de règles bilingue anglais/français mais le tablier n’était qu’en anglais. De même, pour une édition néerlandaise Jumbo bilingue sortie au début des années 1980, le livret de règles était en néerlandais et en français ainsi que les cartes dites de conférence (aides de jeu pour les négociations) mais le tablier n’était qu’en néerlandais.
Un jeu mondial
De 1961 à 2006, en quarante-six années d’éditions depuis celle de la première boîte par une société spécialisée, le jeu Diplomatie a été édité à vingt-cinq reprises dans huit langues différentes21 (anglais, français, allemand, italien, néerlandais, portugais, espagnol et hébreu) pour près de 300 000 exemplaires vendus jusqu’à 200922.
En 1966, il y eut une tentative avortée de fondation d’une fédération internationale avec l’International Diplomacy Federation (IDF)23. En 1972, est créée l’International Diplomacy Association (IDA) qui cessera ses activités en 1979 à cause de querelles internes. Cette « association internationale », à part quelques contacts avec la communauté britannique, restera cantonnée au continent nord-américain23. Il n’y a plus de fédération au niveau mondial malgré une nouvelle tentative de création de celle-ci en 1997 sous le nom de World Diplomacy Federation. Mais il existe quatre fédérations internationales, la North American Diplomacy Federation (NADF) en Amérique du Nord créée en 1980 (sur les restes de l’IDA)23, l’European Diplomacy Association (EDA) en Europe créée en 1995, l’African Diplomacy Federation créée en 2014 et l’Asia Pacific Diplomacy Association créée en 2019 (pour l’Asie et l’Océanie) à partir de la Diplomacy Association of Australia and New Zealand (DAANZ) existant en Océanie depuis 1999 (elle-même créée à partir de la Diplomacy Association of Australia fondée en 1989).
Au niveau francophone, en France, est créée en mars 1990 la Fédération Française des Jeux de Diplomatie et de Stratégie (F.F.J.D.S.). Minée par des conflits internes, elle se voit concurrencée par l’Association Nationale des Joueurs de jeux de Stratégie (A.N.J.S.) créée en juin 1996 qui se fixe les mêmes objectifs, la promotion des jeux de stratégie et en particulier Diplomatie, mais en repartant sur des bases plus saines. La première association cesse définitivement ses activités dans les années 1990. La seconde, après une baisse d’activité de la communauté française se met en pause en 1999 ; en mai 2008, d’A.N.J.S., elle devient l’A.F.J.D. (Association Francophone des Joueurs de Diplomacy) pour se centrer sur le jeu Diplomatie et élargir son espace géographique de compétence à toute l’aire francophone. Malgré ce changement de nom, pendant 20 ans, Diplomatie en français et en ligne ou sur table en France, en Belgique et en Suisse repose de fait essentiellement sur la vie diplomatique générée par deux sites web, Diplomatie-online et 18centres, tous deux créés en 2001 et stoppés en 2020, et sur les initiatives de passionnés sans soutien particulier de l’association. En 2020, les difficultés techniques des deux sites web (qui aboutiront à leurs arrêts) couplées à la crise sanitaire poussent la communauté à se réorganiser et l’association reprend du service en mai de la même année. En 2021, elle compte des adhérents francophones sur au moins quatre continents (Europe, Amérique du Nord, Amérique du Sud et Asie), elle soutient l’organisation du premier championnat du monde francophone de Diplomatie en face-à-face virtuel, elle promeut le Tour de France de Diplomatie sur table, les tournois en ligne de la communauté francophone sur l’appli Conspiracy et elle pousse au développement d’un nouveau site web pour accueillir la communauté24.
Wikipedia
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